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Introduction : Le secteur céréalier occupe une place importante dans la production agricole tunisienne, avec 1,5 millions d'ha soit 30 à 40 % des terres labourables. Par ailleurs, le blé (dur et tendre) représente la base de la sécurité alimentaire dans le pays. La production nationale a évolué d'une moyenne annuelle de 10,5 millions de qx au cours de la période 1971-1980 à 16 millions de quintaux au cours de la période 1991-2000. En dépit de cette évolution, la culture de céréales en régime pluvial continue de subir les effets du climat, notamment la pluviométrie (quantité et répartition). Ainsi, à cause des années de sécheresse de 1997 - 2001, un pic d'importation dépass ant 1,65 millions de tonnes de céréale a été enregistré en 2002. La variation de la production nationale et de l'importation de blé dans une four chette assez large a amené le pays à mettre en oeuvre une stratégie d'intens ification de la céréaliculture notamment par la valorisation de toutes les potentialités disponibles dans les régions à vocation céréalière. Pour ce faîte il faut d'abord comprendre l'aspect agronomique de cette culture. 1- Connaître la plante 1-1- Aspects biologiques Le cycle de développement est subdivisé en trois grandes phases. Chaque phase est divisée en différents stades. 1 er phase : la période végétative: elle comprend les stades suivants: levée, début du tallage, plein tallage, épi à 1 cm . 2 ème phase : la période de reproduction: elle comprend 3 stades: le gonflement, l'épiaison et la floraison. 3 ème phase : la période de formation et de maturation des grains : elle débute à environ deux semaines après l'épiaison. Cette période peut être subdivisée en trois stades : le stade de grain laiteux, le grain pâteux et le grain mûr. 1-2- Aspects physiologiques La vitesse de croissance est associée directement à la somme des unités de chaleur accumulées (exception faite en cas de sécheresse extrême) et à la disponibilité des éléments nutritifs et de l'eau. II est à noter à ce niveau que les stades de croissance des céréales peuvent servir de repères aux céréaliers pour programmer les interventions. 1-3- Exigences en eau Les besoins en eau de n'importe quelle culture (ETM) sont fonction de l'évapotranspiration potentielle ETR ETM = Kc x ETP où Kc est le coefficient cultural. Selon des recherches effectuées par le Centre de Recherche de Génie Rural (CRGR) actuellement INRGREF, la consommation d'eau pour une culture de blé se présente comme suit : La couverture de ces résultats reste cependant liée à un certain nombre de facteurs tels que : • la répartition de la pluviométrie, • la nature du sol et les conditions de sa préparation, • les maladies (la rouille du blé par exemple peut augmenter les besoins en eau de 30 à 100 %) En Tunisie, dans les étages de l'humide et du subhumide (P>500 mm/an), les besoins en eau sont généralement atteints pour assurer un rendement moyen de 50 q/ha 1-4- Exigences en température L'activité physiologique du blé est maximale entre 20 et 30°C . Par ailleurs et pour accomplir son cycle de développement, le blé nécessite une somme de températures journalières entre 1800 - 2400°C pour le blé d'hiver et 1300 - 1600 °C pour le blé de printemps. Il faut signaler à ce niveau que chaque période de croissance nécessite une température bien déterminée telle que présentée dans le tableau suivant :
Ceci étant, il faut respecter la date de semis en évitant les semis tardifs surtout dans les régions humides pour éviter les basses températures affec tant le bon déroulement de la levée et du tallage. 1-5- Exigences édaphiques Les céréales sont connues par leur vaste adaptation aux différents types de sol. Cependant, des sols profonds, non hydromorphes, bien structurés et de texture équilibrée, riches en humus (au moins 1%), avec un pH de 6,5-7,5 pour le blé dur et de 6,0-7,5 pour le blé tendre et ne présentant pas de salinité, sont les plus adéquats à la culture de blé. De ce fait : • en cas de sols lourds, compacts et mal aérés : il faut pratiquer le labour prof ond, l'enfouissement des résidus de récolte et de fumier animal, • Les sols hydromorphes, les céréales sont à éviter, • en cas de sols légers sablonneux : les variétés précoces sont conseillées pour échapper à la période sèche en fin de cycle, et un échelonnement des apports azotés est recommandé pour minimiser les pertes par les sivage est à prévoir. • en cas de sols limoneux pré sentant le problème de bat tance, il faut prévoir une augmentation de la dose de semis pour compenser la mauvaise levée, • en cas de sols présentant un problème de salinité, le blé est à éviter. L'orge peut être un bon remplaçant. 2- Les variétés et leur adaptation régionaleOn entend par variété un ensemble végétal cultivé qui se distingue nettement par un cer tain nombre de caractères et qui, après multiplication conserve ces caractères. 3- Itinéraire pratique à suivre pour réussir une campagne de blé en régime pluvial dans les étages humide et subhumidePour une variété donnée de blé cultivée sur un sol céréalier et sous une pluviométrie suffisante, le facteur déterminant devient les techniques culturales. Ainsi, par rapport à un potentiel génétique prouvé, le résultat final est tributaire de toutes les pertes occasionnées au niveau de l'itinéraire technique pratiqué. L'itinéraire technique recommandé pour réussir une campagne de blé peut être présenté en 10 points, que nous essayerons de développer dans ce qui suit: 3-1. Assolement et rotation des cultures L'assolement et la rotation doivent être conçus dans le cadre d'un système de prod uction intégré et raisonné. Le choix des cultures doit tenir compte des conditions socio-économiques de l'agriculteur et des conditions liées au climat et au sol. Ce choix doit nous permettre de : • maintenir et améliorer la fertilité du sol, sa structure, sa capacité de rétention en eau,...; • contrôler le développement des mauvaises herbes; • assurer une meilleure distribution du travail et des tâches de l'agriculteur; • diversifier les cultures pour stabiliser plus ou moins le revenu de l'agri culteur; Comme conséquence pratique, le choix des espèces dans un assolement déterminé doit nous permettre d'obtenir à court terme, le maximum de production et à long terme, de restaurer la fertilité des terres épuisées par les cultures précédentes. Ainsi les légumineuses ont un effet enrichissant du sol (fixation de l'azote), elles possèdent en plus un système radiculaire pivotant permettant l'exploration des couches de sol plus profondes que celles exploitées par les céréales. Les plantes sarclées comme la pomme de terre et le tournesol, sont des cultures exigeantes en travail de sol et fertilisation, ayant généralement un cycle végétatif de courte durée. Ce type de cultures laisse le sol propre de toutes mauvaises herbes et riche en fertilisants. Ceci étant, les légumineuses ou les cultures sarclées doivent être utilisées en tête d'assolement et des rotations des cultures. Signalons aussi, l'importance des engrais verts dans l'assolement. En effet, le retournement d'une légumineuse dans le sol peut apporter l'équivalent de 50 à 100 kg d'azote pour la culture suivante, ceci à coté de l'enrichissement du sol en matière organique. 3-2. Préparation du sol Les opérations retenues sont: • un labour moyen ( 20 cm ), • 2 recroisements au cover crop • 3 ème recroisement (éventuellement un 4 ème selon l'état du lit de semis) • Roulage. Ces opérations dépendent de la nature du sol, de l'état d'humidité, de la rotation, du type de cultures ainsi que de la période d'intervention. Le choix des outils de travail est aussi important. Il dépendra du comportement et de la consistance du sol, de l'effet recherché et du mode d'action des différents outils de travail du sol. 3-3. La Fertilisation A - Fumure de fond : Stop au gaspillage : Analyser votre sol pour réduire vos dépenses. • Une analyse de sol est nécessaire tous les 3 à 5 ans. • Les apports d'engrais ne doivent pas faire l'objet d'une approximation ou s uivre la règle de la recette de la grande échelle. • Cette analyse permet de déterminer les stocks en phosphore (P) et en potas sium (K) assimilables afin d'ajuster les quantités à apporter pour satisfaire les besoins de la plante, éviter le surdosage et le sous dosage. ■ La fumure phosphatée : L'excès de P peut engendrer des dés équilibres d'absorption d'autres éléments comme le zinc. Le phosphore étant de très faible mobilité dans le sol, l'épandage du P doit se faire juste avant le semis. ■ La fumure potassique : Les sols du nord de la Tunisie, notamment les sols argileux lourds, sont riches en potasse assimilable. ■ Recommandations : Les quantités moyennes à apporter sont comme suit (en kg/ha):
B- Fertilisation azotéeC'est on point clé de la conduite de la culture : le déficit engendre une perte de rendement, l'excès favorise la verse et les maladies. Cet élément intervient dans la multiplication cellulaire d'où son importance au niveau des stades physiologiques cri tiques. Il favorise le nombre de talles, le nombre d'épis et le nombre d'épillets. L'azote est assimilé sous sa forme nitrique (NO3-) et sous sa forme ammoniacale (NH4+) Le stock en azote dans le sol provient de la minéralisation de la matière organique et de l'apport du précédent cultural. Les pertes sont dues au lessivage sous forme de NO3- et à la volatilisat ion sous forme de NO2. Besoins en azote des cultures : Besoins globaux = exportation d'azote x rendement projeté Exemple : pour un objectif de 50 q/ha de blé et sur la base d'une exportation de 3kg de N/q de blé, les besoins globaux sont : 3 x 50 = 150 kg d'azote soit 450 kg d'ammonitre 33%. Pilotage de la fumure azotée : Le 1 er apport est indé pendant de l'espèce et du rendement qu'on vise. Il est destiné à favoriser la végétation pour obtenir le nombre optimum de pousses en fin de tallage. Il doit être réalisé avant le tallage c'est-à-dire au stade 3-4 feuilles. On apporte vers 35% des besoins totaux. Le 2 ème apport destiné à assurer l'alimentation en azote, doit être apporté au stade épi à 1cm. On vise à ce stade le rendement projeté. On apporte alors la moitié dans besoins totaux. Le 3 ème apport s'applique au stade montaison et ce pour assurer une bonne accumulation des réserves carbohydra tées dans la plante, il évite entre autres le mitadinage et assure la qualité de la graine. Il est à signaler que cet apport ne présente d'intérêt que dans les régions à printemps pluvieux ou sur des parcelles irriguées. Risque d'une fertilisation azotée inadéquate : L'excès d'azote favorise la multiplication rapide des cellules, ce qui génère des tiges faibles, peu résistantes et sensibles à la verse, favorise aussi l'excès d'humidité ambiante et ainsi les maladies fongiques, il retarde la maturation Le déficit en azote entraîne le jaunissement des plantes, le manque de vigueur, un tallage limité suite à un déséquilibre nutritionnel et le mitadinage dans le cas du blé dur (faible rendement en semoule). 3-4. Le semis C'est l'un des facteurs essentiels de la réussite d'une culture de céréales. Actuellement cette opération ne se fait plus à la volée, du moins n'est pas recommandée. Le semis mécanisé, réalisé par des semoirs de plus en plus perfectionnés, offre plusieurs avantages, à savoir une répartition régulière et homogène des semences (en ligne) permettant les interventions mécaniques ultérieures, à coté de la réduction des pertes (20-30% par rapport à la volée). Pour réussir cette opération, plusieurs facteurs doivent être pris en considération : • la dose de semis (kg/ha) = ( (densité /m2) x poids de 1000 grains x 10) / ( valeur culturale xindice de levée) où la valeur culturale des semences = faculté germinative x pureté spécifique l'indice de levée = % de plantes levées par apport au nombre de grains de semences • la date de semis : les semailles de céréales en Tunisie s'étalent de novembre à décembre en fonction de la région et de la date des premières pluies de l'automne. En cas d'un automne pluvieux, novembre est la date optimale. • La profondeur de semis : idéale est celle qui assure à la graine l'eau suffisante pour germer et se développer et ne pas faire l'objet des attaques des oiseaux. Il est recommandé de semer à une profondeur entre 3 et 5 cm . • Choix et réglage des outils de semis : L'agriculteur doit bien maîtriser son matériel de semis puisqu'un mauvais réglage peut causer des problèmes à l'opération de semis. 3-5. Le désherbage Problèmes d'ordre pratique • Désherbage tardif • L'observation de brome se fait dans le champ • L'utilisation des mêmes buses pour le désherbage et le traitement Les mauvaises herbes, dites aussi adventices, concurrencent les céréales à plusieurs niveaux (eau, nutrition, lumière, air, etc.). Ces plantes salissent les parcelles par leurs stocks de semen ces, et forment des foyers pour les insectes et les maladies fongiques. La lutte peut être: • Préventive par l'utilisation de semences propres, net toyage des bordures extérieures des parcelles, • Mécanique (travail de sol surtout le labour profond suivi par des recroisements) • Culturale : assolement permettant l'alternance de plantes nettoyantes et céréales, • Chimique : la plus efficace mais la plus délicate. Il faut intervenir au bon moment (dès l'apparition des mauvai ses herbes) et efficacement (bien identifier la mauvaise herbe et choisir le produit efficace). 3-6. Les maladies fongiques Le problème majeur: la majorité des agriculteurs ne pratiquent pas le traitement fongique par ignorance en grande partie. La stratégie de lutte contre les maladies doit être menée comme suit : • Observer la culture régulièrement. Il faut commencer l'observation dès le stade de 3 feuilles. • Identifier la maladie par les organes atteints et la nature des symptômes. • Déterminer le niveau du risque par la vitesse de propagation, l'étendue de l'infection et l'évolution de l'attaque. • Intervenir à temps : choisir le fongicide homologué, adapté et efficace. Remarque: pour les maladies non décelables sur les feuilles (fusariose, carie,...), il est difficile de les détecter à un stade précoce. La propagation de ces maladies vient dans la majorité des cas des semences, raison pour laquelle le traitement des semences devient nécessaire. La meilleure méthode de lutte contre les maladies est la lutte intégrée qui associe toutes les méthodes de lutte possibles: • lutte culturale : en limitant la propagation des agents pathogènes par la destruct ion des hôtes, la rotation des cultures, le labour, etc. • lutte physique : exemple: le trempage des semences dans l'eau chaude à 52 °C pendant 11mn pour détruire le charbon. • lutte génétique : utilisation des variétés résistantes. • lutte chimique : un bon traitement tient compte du réglage du pulvérisateur, du respect de la dose du pro duit de traitement ainsi que de l'utilisation des buses à turbulence. 3-7. Les ravageurs animaux • les insectes : nous citons les pucerons, la cecidomie (mouche de Hesse), les vers blancs, la cétoine, la sesamie, les charançons • les nématodes • les rongeurs : les rats en général • les limaces • les oiseaux 3-8. Les accidents climatiques • le sirocco : utiliser les variétés adaptées aux régions ventées à été chaud (variété précoce et à paille courte) • le gel hivernal : il est recom mandé contre l'action du gel hivernal : le choix des dates de semis permettant une croissance optimale afin que la plante puisse résister au froid, pratiquer un semis superficiel favorisant le développement du rhizomes courts et un tallage plus important, le roulage qui assure un meilleur contact racine-terre, et enfin une bonne fertilisation potassique et azotée qui favorise le développement. 3-9. Les accidents physiologiques • L'échaudage : résultat de l'excès de transpiration et du déficit en eau qui se traduient par un ralentissement de la synthèse des réserves nécessaires à la formation du grain (grain ridé, flétri et à faible poids). Les agents responsables peuvent être la verse physiologique ou parasitaire, les attaques de rouille et d'oïdium, les coups de chaleur durant la maturation des graines. Le risque de l'échaudage peut être évité par le choix de variétés résistantes et précoces avec la pratique d'une fertilisation suffisante et équilibrée. • Le mitadinage : connu par la texture farineuse des grains qui est due à une mauvaise alimentation azotée après la floraison. Pour diminuer les risques de ce phénomène, il est conseillé de faire un apport potassique suffisant favorisant la migration rapide des protéines vers les grains, une fertilisation azotée suffisante et bien fractionnée et le choix des variétés résistantes. • la verse physiologique : due à la fragilité de la base de la tige suite à un faible rapport C/N. L'origine peut être soit un excès d'azote ou un manque de lumière. Pour minimiser les risques de la verse il faut éviter l'excès d'azote au tal lage en un seul apport, la forte densité de semis est aussi à éviter, et utiliser des variétés résistantes. • l'égrenage : c'est la chute prématurée des grains observée dans des conditions de vents violents et chauds. Il faut avoir recours à des variétés résistantes. • la coulure : une évapotranspi ration élevée durant les trois semaines précédant l'épiaison peut causer ce phénomène qui se traduit par des fleurs infertiles. Les vents froids peuvent être aussi à l'origine de la coulure. • les carences et les phytotoxicités : l'excès ou le man que d'un élément nutritif ou oligo-élément engendre des symptômes typiques à chaque carence ou phytotoxicité. 3-10. La récolte et le stockage de blé La récolte doit être faite juste après la maturation définitive du grain (4-5 semaines pour le blé dur et 5-7 semaines pour le blé tendre) quand la teneur en eau des grains atteint 12%. Une céréale récoltée trop humide (>14%) ne tient pas au stockage (échauffement des grains et prolifération des moisissures); Une céréale récoltée trop sèche (<1O%) peut subir des dégâts lors de la récolte (cassure, fissuration, éclatement du germe). Ainsi le prix de cession des céréales dépend de sa qualité qui est fonction du poids spécifique, des pourcentages de mélange de variété et/ou espèces, d'impuretés, d'humidité, de grains cassés, mitadinés et/ou échaudés, de la présence de grains de mauvaises herbes, etc. Lors du stockage, les grains qui sont en constante évolution biologique, doivent conserver leur qualité. Pour cela le seuil de température et le taux d'humidité des grains ne doivent pas dépasser, respectivement I8°C et 14%. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Tunisie: Une récolte de 24,6 millions de quintaux de blé en 2012
Les récoltes enregistreront, cette année, une nette amélioration grâce à une bonne pluviométrie enregistrée en hiver.
La récolte de blé, pour 2012, dépassera les 24,6 millions de quintaux, contre 20 millions de quintaux en 2011 et la collecte sera effectuée dans 206 centres de stockage.
En fait, la moisson concernera une superficie de 564.000 ha des terres emblavées, sur un total de 612.000 ha. La différence résulte de la détérioration de terres emblavées dans les gouvernorats de Kasserine et Sidi Bouzid, ayant servi de pâture.
Par ailleurs, la vétusté des équipements utilisés, lesquels sont à l'origine de la destruction d'une partie de la récolte, variant entre 10 et 15%, mais, aussi, le risque d'incendies ont été autant de freins à une meilleure moisson.
Merci pour l'article.
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